Nouveau voyage, nouvelles aventures, nouvelles rencontres, nouvelles amitiés…
Ce mois de janvier 2025, tel les trois mousquetaires, nous sommes partis pour cette noble mission qui nous était confiée : former les entraîneurs les écoles de sports pour le ski de compétition ! C’est l’âme vaillante et le cœur empli de motivation que Génika, Claude et moi-même avons échafaudé un plan de formation et un programme déterminé.
Mais… Mais… Mais… Les choses ne se passent pas toujours comme ont les avaient imaginées ! Vous le pensez bien !
Replaçons le contexte. Depuis quelques années, l’équipe de Boule de Neige souhaitait donner un nouvel élan en diversifiant son action en faveur du développement des sports de neige au Kirghizstan. Après deux voyages de prospection ou nous avons rencontré de multiples acteurs locaux (associations, fédérations, écoles, départements ministériels) le projet de développer les compétences des entraîneurs de ski des écoles de sports est lancé.
Le gouvernement Kirghize souhaite développer le tourisme d’hiver par le biais des sports d’hivers et la pratique de leurs formes de compétition. Dans ce cadre, j’ai approché mes confrères experts Jeunesse + Sports valaisans. Très Rapidement Claude Donzé, ancien entraîneur de niveau national m’a fait part de son intérêt et de sa curiosité pour un tel projet. Ensuite Génika Hulliger, ancien athlète (entraîné par Claude) et expert SwissSnowSports nous a rejoint.
Cette nouvelle équipe ainsi constituée autour d’une bière en novembre dernier ne se connaissait guère et ne se doutait alors pas (les inconscients !) de la riche aventure qui s’annonçait. Quoique, pour ma part, j’en suis à mon cinquième voyage au Kirghizstan et je commence à en cerner sa culture et ses modes de fonctionnement je me suis bien garder de conserver quelques informations afin d’en laisser la joyeuse surprise à mes comparses.

Dès notre arrivée à Bichkek, nous avons tout de suite plongé dans le bain avec, d’entrée, des réunions avec les départements ministériels du sport et celui du tourisme ainsi qu’une longue séance avec la nouvelle fédération des instructeurs de ski. Rien de mieux pour compenser le jet-lag ! Afin de nous remettre de cette première dose ministérielle et officielle, Samuel a fait découvrir à mes deux compères les bienfaits et la culture du banya, où il est normal être tout nu sous sa serviette pour passer la soirée entre amis à profiter du bain de vapeur et d’un bon repas.

Nous avons pu bénéficier de deux journées pour aller à la découverte de deux domaines skiables des environs de la capitale. Choc historique avec la découverte la base de Polytech où les installations antédiluviennes nous rappelle à la réalité d’une bonne partie de ce pays. Ce choc a tout de suite été adoucis par l’accueil chaleureux – et curieux – du personnel de la station et de l’équipe d’instructeurs en formation. La deuxième visite, à Chunkurchak, nous a fait découvrir l’engouement naissant des kirghizes pour le ski, et leur manière toute particulière de considérer leurs compétences dans le domaine : savoir faire le chasse-neige autorise à se lancer à toute vitesse sur les pentes ; pour s’arrêter : on verra bien !


Après quatre jours à Bichkek, il était temps de nous rendre à Karakol pour la semaine proprement dite de formation.
Le Directeur de l’école de sport de Karakol et ses entraîneurs nous ont accueillis avec leurs homologues des régions Batken, Och, Naryn et Orlofka. Alors que nous nous attendions à un grand groupe d’entraîneurs, nous avons droit à notre première surprise. En effet, les entraîneurs, une douzaine, ne représentent finalement que la moitié du groupe, l’autre moitié étant composées des plus grand jeunes athlètes de l’école de sports de Karakol ! Ha bon… Première redéfinition du programme. Il a fallu ensuite évaluer les capacités des différents participants. Avec une bonne surprise quant aux dispositions des jeunes athlètes qui sont confiés aux bon soins de Génika. Pour les entraîneurs, c’est une autre paire de manches, ou de ski ! Avec la volonté du gouvernement d’ouvrir des départements « ski » dans certaines écoles, nous accueillons donc des nouveaux entraîneurs… qui découvrent ce sport ! Ha ! Il faut donc prévoir un enseignement pour l’apprentissage du ski auquel je vais m’y atteler. Claude se chargera donc des entraîneurs aguerris.


Les deux premières journées sont principalement consacrées aux développement des compétences techniques des participants. C’est également l’occasion de faire plus ample connaissance lors des montées en télésiège ou des pauses repas.
Le troisième jour, l’on voulait démarrer des exercices pratiques avec le piquetage d’un parcours d’entraînement. C’est le moment de découvrir que les relations avec l’organisation de la station de ski ne sont pas simples. Il nous est interdit de planter des piquets sur la piste habituellement réservée. Après quelques palabres, l’on nous accorde un bout de chemin où la couche de neige ne suffit pas à maintenir les mini-piquets d’entraînement.


On souhaitait proposer une journée sans ski le jeudi. Ceci pour nous permettre de mener différentes théories sur la méthodologie des entraînements ainsi que les possibilités et variantes de piquetages de parcours. On voulait aussi proposer un atelier sur l’entretien des ski et du matériel d’entraînement, notamment en fabricant des éléments alternatifs à bas prix. Ainsi tout le monde serait prêt pour aborder deux-trois journées intensives avec des parcours d’entraînement. Ha !? Changement de programme !? La station nous refuse l’accès au pistes pour samedi et dimanche !? Bon…On va s’adapter !

Puisque les présentations sont à présent bien faîtes, les entraîneurs locaux nous ont concocté une soirée sympathique ou la richesse des échanges et du partage n’a d’égal que le volume de plov (plat traditionnel) proposé sur la table du premier soir !

Les journées de jeudi et vendredi se déroulent donc avec des parcours d’entraînement disposés par Claude avec le concours des entraîneurs, où les jeunes athlètes ont l’occasion de s’essayer à différents exercices sous le regards de entraîneurs avec les commentaires avisée de Claude et Génika. Le vendredi après-midi s’est déroulé un joyeux mini challenge de slalom parallèle par équipe mixte d’entraîneurs et d’athlètes.


Une nouvelle soirée de détente nous a été proposées par les entraîneurs : cette fois place aux thermes de Jergalan où il faut traverser en une gigantesque halle glaciale avant de trouver les bassins d’eau chaude ravigotante ! Un joyeux moment d’amusement et de convivialité.
On vous a dit que le programme était modifié ? Donc ce qui était prévu le jeudi s’est déroulé le samedi. Il suffit de suivre ! Bref. Claude et Génika ont profité de cette journée sans ski pour dispenser quelques théories et animer dues ateliers pratiques. Pendant ce temps il y avait bien quelques mondanités à mener pour Samuel et moi puisque notre action a été reconnue comme digne de remerciements officiels de la part du gouvernement kirghize. Initialement prévu à la mairie, puis à l’hôtel du pieds des pistes, c’est finalement sur la terrasse du bar des neige au sommet de domaine que nous avons rencontré le Vice-premier ministre Edil Baisalov. Une petite rencontre avec quelques échanges, entre deux Chachlics (des brochettes de viande), autour de l’importance de coordonner les développements en cours dans les sports de neige et de favoriser les collaborations entre différentes structures concernées. Cette rencontre s’est terminée par la remise d’un certificat de remerciements officiels ! C’est pas tous les jours qu’on a droit à un bonne poignée de main d’un ministre !

La semaine de formation arrivant à son terme, nous avons eu droit à une conclusion en bonne et due forme. Tout d’abord avec un geste touchant et sincère de la part des jeunes athlètes qui nous ont offert à chacun un Kalpak (couvre-chef traditionnel). Cette joyeuse équipe nous a marqué par son engagement et sa motivation tout au long des exercices proposés par Génika. A chaque fois qu’ils nous exprimaient leur ressentis sur cette semaine, l’on voyait les flocons de neige briller au fond de leurs yeux. La dernière soirée avec les entraîneurs a été l’occasion de leur exprimer nos félicitations nos encouragement pour leur engagement sincère pour les sports de neige. La direction de l’école de Karakol leur a concocté un certificat dûment signé par nos soins. Les remerciements se sont poursuivis à notre encontre avec un autre certificat de remerciement du district. Il était également temps de faire nos aurevoirs, avec les yeux un peu humides on le concède, aux entraîneurs des régions lointaines s’en sont retournés chez eux le lendemain.


Après une journée de pause, nous avons retrouvé les entraîneurs de Karakol afin de découvrir leur mise en pratique des enseignements de la semaine écoulée. Hé bien c’était … Un succès ! Le matériel fabriqué a été de suite utilisé, les conseils en piquetage de Claude ont été appliqués. Nous pouvions donc envisager notre départ sereinement dans l’après-midi. Ha non ! Il y a un petit changement de programme : il faut vite passer à la mairie de Karakol pour rencontrer le vice-maire ! Et hop, une bonne discussion, une poignée de main, une photo et un Kalpak plus tard c’était chose faite ! Sincèrement, on ne pensait pas mériter tous ces remerciements ! On est juste venu pour partager des expériences. Mais ça fait chaud au cœur de voir que cette action trouve un écho auprès des jeunes, des entraîneurs et des officiels !

Nous avons profité du chemin de retour pour un petit détour « touristique » dans la vallée de Kizyl Suu. Nuits sous yourte, randonnées à ski, balade (et chutes) à cheval et source d’eau chaude nous ont permis de déconnecter quelque peu.

Le retour à la capitale nous a replongé dans la ronde des réunions, de débriefing cette fois, avec notamment une visite à l’Ambassade de Suisse pour Samuel et moi. Ha, c’était pas prévu, mais le département du sport veut rencontrer toute la délégation pour un dernier échange et nous assurer que le développement des sports de neige est bien une priorité du gouvernement et qu’il compte sur nous pour la poursuite de ces actions ! Et n’oublions pas le Kalpak !
Après tout cela, que faire ou que dire de plus ? C’est un peu groggy, la tête encore pleine d’images, et le sac plein de Kalpaks que nous avons embarqués pour notre vol de retour.
Dix-huit jours ! C’est court et long à la fois : suffisamment long pour s’imprégner de la culture, de l’ambiance et tisser des liens amicaux ; mais bien court, car à peine l’on commence à s’y sentir bien qu’il est déjà temps de repartir. Nous conserverons longtemps les souvenirs de ce voyage, de cette aventure. La motivation, l’envie, la curiosité de nos participants nous a touché! Peu importe les moyens, peu importe les équipements, peu importe les différences culturelles ou de langues ; les sports de neige on ceci d’incroyable : partout dans le monde, la neige offre du plaisir et la joie de nouvelles rencontres !


Cette aventure nous a tous marqué. Avant de partir, nous étions trois compagnons de voyages, au retour nous sommes trois amis convaincus que l’on n’a fait que le début du travail et qu’il nous faut revenir au plus vite afin de le poursuivre.